Un amour black and white

Il voulait juste un peu plus de temps, acceptant ce que déciderait le hasard, ce qu’il savait déjà, dans cette fraction de seconde où tout se décide entre la vie, la mort, le rien, le tout.
Et la mort justement était là tout prête, rodant derrière elle. Elle si belle, exquise, un souffle divin. Et Lui, lui qui n’avait pas le droit de penser cela, pas le droit de l’aimer ne serait-ce qu’un petit peu.
Mais l’amour suit sa route, se moque qu’elle soit noire, lui blanc. Elle esclave et lui le fils du maître.
L’amour ne veut que réunir deux corps qui sont attirés l’un par l’autre. Un simple phénomène physique comme deux aimants, deux amants.
Il leur devient de plus en plus difficile de cacher leurs sentiments. Si aucun mot n’est échangé, leurs yeux parlent pour eux. Des étincelles de lumière, de vie jaillissent de part et d’autre.
Comment ne pas remarquer ces regards ?
Ne pas percevoir cette légèreté qui flotte dans l’air quand tous deux sont réunis dans la même pièce. ?
Ainsi même l’amour a une odeur, un regard ?
Mon dieu comment faire ? Comment gérer cet amour impossible ? Non pas impossible puisque l’amour a déjà pris sa place contre vents et marées mais amour interdit oui sans aucun doute.
Il savait qu’il n’avait que peu de temps avant que tout n’éclate au grand jour. Il lui fallait décider entre tous les choix possibles. Il était prêt à renier sa famille pour ne serait-ce qu’une seule fois la tenir dans ses bras. Sentir sa chaleur et son souffle sur sa peau, s’abreuver à sa bouche, respirer son odeur de métisse.
Il était prêt à mourir si auparavant il venait à lui faire l’amour avec toute la tendresse dont il était capable. Il aimerait oui s’envoyer au septième ciel avant d’être envoyé vers une mort certaine.
Il voulait juste vivre un amour, cet amour interdit.
Il la regarda une dernière fois avant d’annoncer à toute la famille qu’il partait ce soir même à la guerre.
Elle le rejoignit cette même nuit. Ils vécurent  enfin cet unique amour d’une façon des plus exquises où le bonheur et la peur s’entremêlent dans les larmes d’une jouissance puissante, d’une séparation inévitable…
 
Isabelle Vouriot
9 juillet 2013 – tous droits réservés

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