Lettre à mes parents

Vous serez sans doute surpris de recevoir cette lettre. Je dois vous avouer que je me suis surprise également à prendre cette feuille de papier et ce crayon pour vous écrire. Je ne sais même pas si je peux encore vous appeler maman et papa. J’ai l’impression de vous avoir quittés il y a mille ans…

Je me souviens de cette nuit-là. Il faisait froid et j’avais peur. Peur de vous avouer que j’étais enceinte, à 16 ans. Comme j’avais raison d’avoir eu peur.

Toi maman tu n’as rien dit. Pas un mot même quand ton mari m’a traitée de tu sais quoi. Je ne peux même pas écrire ces mots tant ils sont forts répugnants. M’avez-vous seulement aimée un jour pour me parler ainsi, moi qui ai toujours été une bonne élève. Bien sûr rien n’était jamais assez bien pour vous. Il vous fallait toujours plus de ceci, plus de cela.

Cette nuit, il faisait froid dehors et vous m’avez glacé le cœur à tout jamais avec ces mots qui sont restés empreints dans ma chair. Après une dispute, j’ai pris la porte et je suis partie. Le reste vous le connaissez en partie.

Je suis partie vivre en foyer pour continuer mes études et m’occuper de ma petite Perle, car c’est vraiment une adorable petite fillette qui a maintenant 8 ans.

Vous devez sans doute vous demander pourquoi je vous écris tout ça aujourd’hui. La raison en est des plus simples. Les médecins m’ont découvert une tumeur cérébrale inopérable. J’ai déjà eu plusieurs cures de chimiothérapie mais il semble que ma vie  sera plus courte que prévue. Je ne veux pas être un poids ni une déchéance humaine pour ma fille. J’ai laissé une lettre à Perle pour lui expliquer votre existence. A vous de voir si vous passez outre les disputes du passé pour faire sa connaissance et l’aider à grandir. L’aider à  grandir oui  car je ne serai plus là  demain.

J’ai décidé d’en finir là ce soir en vous écrivant. Peut-être pour trouver la force définitive qui me manque et que de nouveau j’aie peur et froid comme il y 9 ans. Mais je sais que la dernière image qui m’aidera c’est le sourire de Perle, son rire qui résonne dans mes oreilles.

Il se fait tard et j’aperçois au loin une lumière brillante de douceur et de paix….

Puissiez-vous un jour savoir ce qu’est vraiment l’amour…….

 

Isabelle Vouriot

25 juin 2013 – tous droits réservés

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