Le hasard d'une rencontre

Ah le hasard, qu’est-ce que je peux l’aimer parfois. Enfin parfois je dirais bien tout le temps. J’aime ce dernier hasard qui m’a fait rencontrer mon voisin de train de retour de quelques jours de vacances dans le Limousin. Au premier abord, il était dans son monde, sur sa tablette à regarder un film d’animation. Impossible d’entrer dans une quelconque discussion moi qui aime tant échanger, partager. En même temps je respecte et je comprends que l’on a besoin parfois de solitude. J’ai donc repris ma tablette pour retrouver mon « Livre interdit ». Et le train poursuit sa route jusqu’à ralentir et s’arrêter anormalement. Au bout d’une dizaine de minutes, une voix nous apprend que le train aura vraisemblablement une bonne demi-heure de retard. Tout le monde prend cette information avec l’importance qu’elle lui donne. En même temps que faire, que dire ? Rien ne va faire avancer ce train plus vite. Le film de mon voisin étant terminé depuis un petit moment, je le vois qui se lève pour prendre un bloc de dessins. Et là surprise je le vois qui commence à dessiner un personnage si je ne me trompe pas de son film d’animation. Le dessin est saisissant de réalisme. Les yeux sont d’une telle expression que je ne peux m’empêcher de le lui dire. Il me répond merci. Polis sans aucune autre mesure. Je continue doucement à le regarder faire d’un œil en coin, ne voulant pas le déranger bien que je pense qu’il a dû percevoir que je l’observais. Nos sens sont vite mis en alerte, surtout si on ne veut pas être déranger. Voilà son dessin est fini. Il est vraiment beau. Il y ajoute la date, tout comme je fais avec mes textes ou poésies. Je souris. Il s’est trompé. Il a noté avril au lieu de février. Je le lui fais remarquer. Il sourit en remarquant qu’effectivement il s’est trompé. Il corrige et voilà rien de plus à nouveau. Le bougre il est hyper sérieux et dur à dérider. Qu’importe je continue à l’observer comme si il devait y avoir quelque chose à venir. Je ne sais pas ni quoi ni comment ni pourquoi. Et c’est alors qu’il tourne une page. Rapidement. Si je ne l’avais pas observé, je ne l’aurai pas vu. Et pourtant tout s’est joué là. En l’espace de quelques secondes dans ce que j’ai pu observer rapidement d’écrit sur cette feuille de ce bloc de dessins. Oui j’ai bien dit écrit. Alors une fois de plus je lui ai demandé si c’était bien des quatrains de poésies que j’avais cru apercevoir. Et sans lui laisser le temps de me dire un oui ou un non je lui explique que moi aussi j’écris de la poésie mais que je suis nulle en dessins. Oui je sais personne n’est vraiment nulle mais bon on dit tous ces mots-là. On l’a parfois tellement entendu autour de nous. Je lui dis aussi que j’ai eu la chance d’être éditer par deux fois. Je ne lui dis pas pour m’en vanter mais juste parce que je sens que je dois le mettre en confiance. Après nous il ne me connait ni d’Eve ni d’Adam. Tout ce qu’il peut savoir de moi c’est que j’ai mangé un paquet de pop-corn dans le train, et encore !  Vous parlez d’une nourriture saine.

Et là alors il m’a écouté. Ce que je lui racontais sur comment je vivais l’écriture, comment j’écrivais. J’avais en face de moi un homme de je ne sais quel âge, pas mal il faut bien l’avouer mais qui surtout avait cette envie d’écrire au fond de lui, de publier un jour peut-être mais qui comme moi sans doute il y a deux ans manque peut-être de confiance en lui comme je peux encore parfois moi aussi en avoir.

Je lui ai parlé du groupe d’écriture que je co-anime avec une autre personne. Le nom lui importe peu il ne connait pas. Malheureusement il n’est pas inscrit sur facebook. Je lui dit qu’il a tout le temps qu’il veut pour réfléchir mais que je serais ravis qu’il intègre ce groupe pour avoir un avis différent et peut-être plus juste que les amis que nous pouvons tous avoir. Nous continuons ainsi à échanger sur le hasard ou plutôt que le hasard n’existe pas vraiment et que s’il existe il faut savoir le percevoir et entendre ce qu’il cherche à nous dire.

J’aimerais sincèrement qu’il entre dans le groupe et qu’à nous tous nous lui donnions un peu de cette nourriture qui habite le groupe. Une nourriture de mots, de confiance, et surtout d’amitié.

Je ne sais rien d’autre à son sujet. Juste qu’il s’appelle Nicolas puisqu’il m’a envoyé un mail il n’y a même pas une heure.

A lui de voir maintenant.

 

Isabelle Vouriot

15 février 2014 - © texte protégé

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