Faut que je m'y colle

Il faut que je m’y colle. Je le sais c’est certain. Je ne peux plus reculer. Et si je me laissais encore un jour, juste un seul. Après tout c’est ce que je me suis dit hier et avant-hier. Bon d’accord peut-être aussi le mois dernier. Finalement ça n’a pas changé la face du monde, ni la mienne d’ailleurs  mais que voulez-vous c’est plus fort que moi ça me colle à la peau. C’est ainsi depuis longtemps et cela ne s’arrange pas avec l’âge je vous assure. J’essaie de me raisonner. Je suis à deux doigts de le faire et puis comme par un heureux hasard je trouve soudain quelque chose de plus urgent à faire. Alors si c’est urgent vous conviendrez qu’il faut que je m’en préoccupe en priorité. Après tout ce que je repousse sans cesse ne crée de dommage à personne. Bon si je suis honnête,  si j’en subirai les foudres et alors ce sera encore pire parce que la douleur sera amplifiée au propre comme au figuré. Je suis tiraillée entre le faire et faire l’autruche. Et puis c’est beau une autruche non !  Aérien tout en plume même si elle ne vole pas. Ecrire avec une plume d’autruche, ça doit être géant non ? Vous voyez mon esprit à son tour s’envole vers d’autres images. Si j’étais sûr de m’y coller pour une seule petite fois, mais non rien n’est jamais sûr avec eux. En même temps si je mets du temps à me décider ce n’est pas seulement ma faute. J’avais enfin retrouvé un semblant de confiance adulte et vlan il faut tout recommencer  à zéro. A croire que tout se met contre moi ! Même le soleil me fait à clin d’œil là histoire de me dire allez vas-y c’est le premier pas qui coûte. Et bien justement ce premier pas… tiens je préférerais aller sur la lune. Je ne serais sans doute pas rassurez non plus mais rien à voir non !  Le premier pas, chanson de Claude Michel Schönberg que j’adorai étant petite et que j’aime toujours d’ailleurs. Un premier pas d’amour toujours plus beau que ce premier pas que je dois faire vers une peur irraisonnable. Faut que je m’y colle vraiment ! Après tout il y des moments où j’étais contente du résultat… mais ça c’était après. Quand tout était fini. Que je reprenais enfin ma voiture, la tronche endolorie par l’anesthésie…

Bon allez faut que je m’y colle à prendre ce fichu rendez-vous chez le dentiste…

 

Isabelle Vouriot

19 février 2014 - © texte protégé

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